mardi 27 août 2013

Là-bas si je suis





J’ai souvent vu, durant mon enfance saharienne, des gens se préparer au voyage. Après s’être prosternés, ils serraient dans une bourse de cuir une poignée de terre ou de sable prélevée sur le lieu de leur naissance et de celle de leurs aïeux. Cette bourse, fixée à la ceinture au plus près du corps, devenait aussitôt un talisman destiné à les accompagner dans leur périple, et leur donnait ainsi le sentiment d’être, partout où ils se trouvaient, reliés à la terre patrie. Ainsi l’espace concret dans lequel se déroule la longue cérémonie de la vie transcendait, en le chargeant d’humanité, celui du simple géographe. Dans la mesure où le temps était de nature cosmique, et l’espace sacré, l’être humain se trouvait profondément intégré au réel, en ce sens qu’il inscrivait dans le monde une réalité à sa mesure et à celle des nécessités imposées par l’existence.

Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, 2010






John Clang, Séries Be here now, 2012

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