jeudi 12 avril 2012

Ta pesanteur est la mienne

Barry Flanagan, Casb 1'67, 1967


Si nous n’avions pas la capacité d’exprimer des émotions par des sons, nous ne pourrions jamais comprendre la signification des sons produits par d’autres.
On ne comprend que ce dont on est capable soi-même.
Ainsi pouvons-nous aussi affirmer : des formes corporelles ne peuvent avoir du caractère que du fait que nous possédons nous même un corps. Si nous étions des êtres seulement voyant, nous n’aurions plus du monde corporel qu’un jugement purement esthétique. Mais comme homme pourvu d’un corps, qui nous apprend à connaitre ce qu’est la pesanteur, la contraction, la force, etc., nous rassemblons en nous les expériences  qui, seules, nous rendent capables de partager, d’éprouver l’état de formes qui nous sont extérieures. (…) Nous avons porté des charges et fait l’expérience de ce que sont une pression et une contre-pression, nous nous sommes affaissés au sol, lorsque nous ne pouvions plus opposer aucune force, la pesanteur attirant vers le bas notre corps tout entier ; c’est pour cela que nous savons estimer la noble sérénité d’une colonne ou comprendre le désir de toute matière de se répandre informe sur le sol.

 
Heinrich Wölfflin, Prolégomènes à une psychologie de l’architecture, 1886



Ernesto Neto, Léviathan Thot, 2006

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