mardi 10 avril 2012

Le coin


Le coin, c’est le pli du mur. C’est sa matière même qui se rabat, se recroqueville, se concentre et se densifie dans le pli.
Le mur est indécent, le coin est pudique, parce qu’un instant, il en dissimule la surface en un plissement érotique.

Le coin, c’est le passage du mur dans les trois dimensions. Cette surface, momentanément rabattu, vient alors à notre rencontre, nous englobant, nous contenant.
Ce changement de trajectoire du plan forme ce pli, marquant alors une ligne, une arrête, un contour, qui vient affirmer la frontière de l’espace contenu.
C’est à la fois la limite et le point d’origine de l’espace, c’est par le coin qu’il émerge, surgit, se déploie puis fuit dans un mouvement réciproque d’aller et retour.

Le coin, par son marquage, confirme la matérialité du mur et constitue un repère spatial. Les coins d’une pièce en sont autant de point cardinaux.
Nous nous y logeons, nous nous y cognons pour apprécier les limites de notre environnement et de notre propre corps, faisant fusionner nos 2 membranes.
La punition des enfants mis au coin est sans doute la tentative d’un retour à la réalité tangible.
Le coin est aussi l’espace où nous amassons les objets, comme pour le remplir et renforcer sa limite.


Texte de


Croquis de  

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